QUAND UN ESPRIT ME SUPPLIE
3 :02
Je me réveille en sursaut, je ne suis pas seule. Il y a quelqu’un dans ma chambre. Mon premier réflexe est d’ouvrir la lumière, puis je tente de retrouver mon calme. Le cœur veut me sortir de la poitrine. Je déteste ces invasions nocturnes. De quel droit osent-t-ils ?
Merde, je ne m’endors plus… rien à faire. J’agrippe mes lunettes déposées sur ma table de chevet et j’enfile mes vieux mous rouge délavé. Je sors du lit et je me dirige vers la cuisine.
Une fois assise à la table, je soupire. Ma visite nocturne est toujours là. Bon, clairement il semble vouloir jaser celui-là! Je tente de le repousser, de remettre cette connexion à plus tard, mais il ne déroge pas.
-Tu sais qu’elle heure il est?
-Non…mais je dois absolument te parler.
-Ça ne peut pas attendre? Genre à demain matin?
-Non, STP, STP… maintenant.
Il s’agenouille avec les mains jointes en prière et me supplie. Je roule les yeux vers le ciel et lui demande :
-Mais qu’est-ce qui est si urgent au point de me déranger en plein milieu de la nuit?
-Je veux qu’elle sache…
-Mais qui? Qu’elle sache quoi? d’un ton frôlant l’impatience.
Au même moment, il me laisse entrevoir des images en lien avec son départ. Un accident tragique est à l’origine de sa mort. J’arrive à lire dans ses yeux la peur et l’incompréhension face à ce qui lui est arrivé.
Il poursuit :
-Il faut qu’elle sache que je n’ai pas eu peur et que je n’ai surtout pas souffert.
-Ok, mais à qui tu aimerais que je le transmettre?
-À ma sœur Élie, tu la rencontre demain.
Je fais le lien avec une dame avec qui j’ai parlé plutôt aujourd’hui. Nous avons dû faire des pieds et des mains pour lui trouver une plage horaire. Je reprends :
-Pourquoi ne pas avoir attendu notre rencontre pour jaser de tout ça?
-Je ne sais pas, je voulais tellement parler à quelqu’un …Ça me fait flipper que personne ne m’entende. Quand j’ai réalisé que tu pouvais toi, j’ai sauté sur l’occasion et je t’en remercie.
-Je comprends…Tu as bien fait, mais sans vouloir te vexer je vais retourner me coucher. De toute façon on se voit demain, n’est-ce pas?
-Il approuve d’un signe de tête, me salue et disparaît.
Je me lève, en baillant, ferme la lumière de la cuisine au passage et retourne retrouver le confort de mes draps de flanelle !
***
Partir tragiquement comporte également un défi pour l’âme. Ne plus être en mesure d’être en contact avec ses êtres aimés. La vie se termine comme un claquement de doigt…Ça prend du temps et beaucoup d’amour pour se remettre d’un tel départ, pour nous comme pour eux.
Ne soyez pas trop dure envers vous-même
Par Mélanie Hotte
La fille qui flirt avec l’autre monde
