PRENEZ LE TEMPS AUJOURD'HUI.
Un jour, j’ai lu cette maxime. Les mots ont résonné si fort que j’ai voulu saupoudrer ma vie au grand complet de tout ce sens.
Prendre le temps de faire une pause dans la direction de ce qui est important pour vous sera toujours profitable. Prenez le temps aujourd’hui.
Résultat? Je me book instantanément un voyage de ressourcement dans les thermes de St-Malo. Beau hein ? Au programme: marches, yoga, méditations, entraînements, soins du corps et de l’esprit. Merci la vie de pouvoir me choisir et de m’offrir ce privilège de prendre le temps pour ça. C’est ce que je croyais…
Les dates ne fonctionnaient pas avec mes dispos et c’était totalement hors de prix. Je me suis donc tourné vers un plan B. Les thermes de Contrexéville offraient le même genre de ressourcement. Départ le lendemain, vendu !
Je croyais débarquer à l’aéroport Charles de Gaulle, endroit familier pour moi, héler un taxi et prévoir 150 euros pour m’y rendre. J’ai plutôt dû, littéralement, faire le tour de la France avant de finalement débarquer au milieu de nulle part; ne ressemblant en rien aux endroits où j’étais habituée de loger lors de mes voyages en terre française. Trempée à l’os, perdue, découragée, c’est ainsi que j’entre dans ma maison pour les 10 prochaines journées.
Jour un :
Je croyais que j’avais déjà fait de l’aquagym: dans le sud, comme tout le monde, avec un géo qui connait autant sa matière que l’anglais, devant un public de touristes sportifs avec un petit verre dans le nez. En bref, je n’ai jamais su ce qu’était l’aquagym. L’instructeur devant moi est un maître-nageur/ancien pompier. Les pompiers se croient dans l’armée. C’est de la torture. Toujours plus haut, plus loin, plus fort.
Ce soir-là, l’aquagym était devenu mon pire cauchemar. Et il me restait neuf jours. Le lendemain matin, mon corps m’en voulait. De nouveaux muscles étaient apparus près de mon vagin. Rebelotte (on remet ça) à 9 h. J’avais la maxime inspirante dans le cul, tout comme mon envie
*rebelotte: une action qui se répète, soit par hasard ou dans un but précis.
Il faut dire que depuis mon cancer (phase un soignée à temps), je vis les affres de la ménopause. C'est incluant la prise de poids, moi qui ai longtemps pesé 102 lbs avec des roches dans les poches. Je me retrouve avec un surplus de poids important et une nouvelle garde-robe que je nomme affectueusement “mes maillots de grosses madames”. Jupettes multiples qui cachent les cicatrices et les rondeurs. Après m’être débattue contre les volants qui me claquaient le front et le bas de mon short que je devais remettre en place aux minutes, je suis sortie de la piscine en plein milieu d’une séance et me suis dirigée, motivée comme une panthère qui protège ses petits, vers la boutique de “l’hôtel” pour me munir d’un maillot spécial aquagym UNE PIÈCE. Au diable ce que j’aurai l’air.
Avec le pompier masochiste, j’ai aussi découvert le spinning…dans l’eau. Plutôt que d’enfiler des menottes, j’ai eu droit à des poids aux poignets, jambes et chevilles
– Non Martine, les mouvements dans l’eau. Plus fort, plus loin, plus vite!
Jour deux :
Aquagym pour débuter. Nouveau professeur, encore plus fou. Moi qui croyais avoir dépassé mes limites, je n’avais toujours rien vu. J’avais la nette impression de m’être fait frapper par un train. Imaginez-moi tentant d’enfiler une combinaison taille un, évidemment. Avec un peu d’aide, j’ai finalement réussi. Mon estime avait par contre sacré le camp au Canada. C’est là que la balayeuse à rouleau se mit à faire ce qu’elle devait, sur mes rondeurs. Il n’était que midi et j’étais épuisée. J’aurais payé cher pour voir une vidéo de moi en temps réel.
Jour deux, pm :
Vous le lirez dans mon roman, Je le ferai demain; ma première expérience avec les jets. The one. À Contrx, je savais à quoi m’attendre. Dans le fond de la grande douche, bien accrochée à la barre au mur, une charmante dame gérait la machine à pression vers moi.
Étant entrepreneure en construction, ce n’est pas l’équipement qui manque à la maison. J’envoyai donc un texto a mon amoureux lui racontant ce que je venais de vivre. Je nous imaginais, lui en pompier et moi comme cobaye sur notre patio. Digne du dîner de con.
Jour trois :
Douceur. L’aquagym quotidien. L’exercice commence à faire son effet. Je porte désormais un maillot qui me va, j’ai moins mal au dos, mes épaules ne se plaignent pas trop. Les mouvements dans l’eau thermale soulage le corps. Bouger fait un bien immense. J’ai même eu droit à un massage à quatre mains. Bain sous les huiles essentielles, effluves qui me rappellent de beaux souvenirs de la Grèce.
Le plus merveilleux dans tout ça, c’est le poids que je perdais au fur et à mesure que les jours passaient.
Jour quatre :
L’aqua bike. L’horreur. Le siège me rentre dans la craque de fesses. Nous sommes deux. Du coup (déjà l’accent fait aussi son effet), maître-nageur s’acharne sur moi. La petite grosse. Qu’est-ce que je ne ferais pas pour retrouver la forme?
Jour cinq :
Chier sa vie. Vous ne connaissez pas le sens de cette expression sans être passé par Contrexéville. L’eau du village est laxative. Pas au sens figuré, mais propre, ben ben propre. Je l’ignorais. Plus j’avais chaud, plus je buvais, plus je buvais, plus je chiais.
Malgré tout, je découvre enfin mon soin préféré : le lyashidome. Un sauna japonais. Une chaleur douce effleurant l’épiderme, un peu comme un bain de soleil en août au Québec, sans les UV. Je me mets à transpirer. La seconde partie de la séance devient plus intense, la chaleur est plus forte, le corps transpire comme pendant une séance de sport extrême. En gros, on en sort trempées et relaxes.
Le bonheur quoi! La séance d’aquagym était aussi plus douce, convaincue que le pompier se reprendrait en intensité le lendemain. Ce fut effectivement le cas.
#martineauboutdesavie
Je n’oublierai jamais ce séjour à Contrexéville pour plusieurs raisons évidentes, mais surtout, pour une amitié née là-bas avec mon amie Fazia, que je retrouve chaque fois que je vais sur Paris.
Prendre le temps de faire une pause dans la direction de ce qui est important pour vous sera toujours profitable. Prenez le temps aujourd’hui.
Juste pour cette rencontre, au milieu de nulle part, avec toutes les mésaventures, je recommencerais demain matin.
par Martine Carignan